- Idées et réflexions, Zoom sur - , , -

Eau et politique d’investissement : donner du sens

C’est à l’automne que sont généralement présentés en conseil municipal les rapports d’activité d’un certain nombre de structures. Dans le domaine de l’eau, il s’agit notamment de présenter le rapport du Maire sur le prix et la qualité du service, l’occasion de revenir sur notre politique d’investissement dans l’eau.

La mandature actuelle (2008-2014) restera marquée par un nombre important de projets stratégiques pour le territoire rennais en matière d’eau : la reconstruction de l’usine de Mézières-sur-Couesnon (20 M€), la modernisation de l’usine de Villejean (10 M€), la construction d’un nouvel aqueduc de Mézières-sur-Couesnon à Rennes (15 M€), la construction d’une unité des boues sur le site de Beaurade (33 M€)… La totalité des investissements consentis atteindra plus de 100 M€ d’ici à la fin du mandat. Au-delà des moyens financiers, le sens de ces projets est de lever la contrainte en eau pour le développement démographique et économique du bassin rennais, avec le souci permanent de répondre aux enjeux écologiques du 21e siècle.

En effet, il apparaît essentiel, bien que peu visible, d’avoir dans les « coulisses » de notre ville des services publics qui soient techniquement performants et économiquement adaptés. A ce titre, que ce soit pour l’eau potable ou l’épuration des eaux usées, nous nous donnons les moyens d’atteindre les objectifs d’un développement durable, en termes :

environnementaux : ne nous cachons pas derrière notre petit doigt, les infrastructures dans le domaine de l’eau sont énergivores. C’est pourquoi, il est d’autant plus indispensable de faire les bons choix et d’innover dès que possible pour alléger la facture énergétique. C’est ainsi que sur l’unité de traitement des boues à Beaurade, nous avons fait le choix d’une étape de digestion des boues qui permettra par méthanisation de produire de l’électricité (2 240 000 KWH/an, revendus à EDF pour un montant de 400 000 € TTC).C’est pourquoi également sur la toiture de l’usine de traitement d’eau de Villejean nous aurons prés de 650 m2 de toitures photovoltaïques. Enfin la reconstruction de l’aqueduc nous permettra d’économiser le prélèvement de 300 000 à 1 millions de m3, qui sont aujourd’hui perdus dans les fuites de l’aqueduc actuel. Sur ce terrain nous préférons les actes aux grandes déclarations d’intention.

économiques : nous vivons une crise majeure, et je fais partie de ceux qui pensent qu’en ces temps, il est de l’obligation des collectivités publiques de prendre le relais d’une faiblesse de la commande privée. En d’autres termes, les politiques contra-cycliques sont une exigence pour ne pas laisser exsangue nos entreprises locales. Ainsi, les 100 à 150 M€ qui seront dépensés d’ici à 2014, permettent, en apportant le bien commun, de fournir de l’emploi. Et ce d’autant plus, qu’en ayant prévu et anticipé ces dépenses, les augmentations de facture restent mesurées.

sociaux : nous avons dans le code des marchés publics, l’opportunité de faire jouer des clauses d’insertion sociale lors de l’attribution des marchés publics. Autant vous dire que l’on ne s’en prive pas. A chaque gros chantier ce sont des milliers d’heures qui sont demandés aux prestataires pour qu’ils organisent l’accès des populations les plus défavorisées au monde du travail. En employant des personnes dont les qualifications, ou les parcours de vie, les ont éloignés du monde du travail, les entreprises retenues s’engagent à faire œuvre de solidarité. J’ai toujours eu à cœur de souligner la responsabilité sociale des entreprises car on ne peut pas penser les projets de nos entreprises locales en dehors de la vie de nos collectivités, en dehors de la préoccupation de nos concitoyens. Il n’y a pas d’un côté la vie de l’entreprise et de l’autre la vie sociale, la première doit être au service de la seconde. Si l’économie de marché a montré son efficacité économique, on ne peut malheureusement pas en dire autant de son efficacité en matière sociale. Ce sera tout l’enjeu des années et échéances à venir, avec un choix clair à effectuer quant à la régulation et au renforcement du rôle des autorités publiques.

Comme vous pouvez le voir, ces investissements qui pourraient n’avoir qu’à première vue, de valeur qu’essentiellement technique, renferment en vérité des intérêts éminemment politiques. L’opposition municipale ne s’y est pas trompée en votant quasi systématiquement contre ce qu’elle trouve « trop cher » ou « trop innovant ». La promotion d’un service public de qualité et capable de prendre des risques mesurés reste donc bien fondamentalement de gauche.