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L’hyperconcentration rennaise ne se vérifie pas

Le débat sur l’hypothétique « hyperconcentration » rennaise a été relancé de manière opportune ces derniers jours. Les expressions qui sous-tendent cette hypothèse ne sont malheureusement que rarement étayées. Il peut être démontré que cela ne se vérifie ni en termes chiffrés, ni en termes de volonté politique exprimée.

Non, notre territoire n’a pas choisi une trajectoire démographique à +160 000 habitants entre 2013 et 2033 comme on peut l’entendre ou le lire. Tout d’abord, parce qu’il est illusoire de croire que cela se décrète dans une assemblée. Puis ensuite, parce qu’il y a un contresens sur les liens de cause à effet. La volonté n’est pas de générer ce niveau d’accueil mais bien de faire face. Que ne nous aurait-on pas dit si nous avions organisé notre territoire à partir de scénarios plus modestes ? En risquant dès lors l’explosion des prix de l’immobilier par la rareté, la congestion continue de nos axes de communication par manque d’investissements en transport en commun ou de plan de déplacement adéquate, ou le trop plein de nos équipements publics par manque d’anticipation. Prudemment et à raison nous avons collectivement choisi dans notre stratégie territoriale de s’organiser pour anticiper et ne pas se laisser déborder. Et s’il advenait que ce scénario ne se vérifie pas totalement, aucun ne s’en offusquerait. Il s’agissait en fait d’exprimer non pas une quelconque volonté expansionniste mais d’assumer pleinement une responsabilité collective pour éviter l’exclusion et la relégation d’habitants souhaitant s’installer, par envie ou besoin, sur le Pays de Rennes.Je l’indiquais « l’hyperconcentration » ne se vérifie pas.

Deux types de données peuvent en attester :

1) La démographie rennaise : 206 000 habitants en 1999, 217 000 quelques 18 années plus tard cela revient à une croissance moyenne 610 habitants par an, loin de toute « tokyoïsation » dénoncée par certains. Rennes représentait 74% de la population de son intercommunalité en 1968, elle n’en représente plus que 48% aujourd’hui. Quand bien même des évolutions de périmètre sont intervenues, cette donnée est assez structurante pour s’éviter le procès d’une ville qui aurait tout concentré durant des décennies. Ce mensonge inlassablement répété n’en fera jamais pour autant une vérité. Par ailleurs, sur un temps plus rapproché les croissances comparées entre 1999 et 2015 démontrent que l’aire urbaine (hors Métropole) a bien plus profité du dynamisme démographique que la Métropole elle-même.

2) L’économie : on nous indique souvent avec facilité que même si l’ « hyperconcentration » ne se vérifie pas en termes démographiques, elle serait par contre indéniable d’un point de vue économique. Cette assertion est pourtant toute aussi fausse que la première. Si nous observons la croissance des emplois salariés entre 2008 et 2015, les chiffres parlent d’eux-mêmes : +1,5% pour la Métropole, +3% pour le département, +14,7% pour le pays de Châteaugiron. Soit dans ce dernier cas, un rapport de 1 à 10 en défaveur de la Métropole. N’ « hyperconcentre » pas celui que l’on pense…

Il n’y a, par ailleurs, jamais eu de volonté politique de concentrer dans le centre urbain. Tous nos outils de régulation prouvent le contraire. Dès 2005, le plan local de l’habitat invite à diffuser l’accueil des populations dans toute la Métropole. Il sera contractualisé par l’ensemble des communes de la Métropole. Le document d’aménagement commercial a largement incité à s’éviter les croissances exponentielles des centres commerciaux du cœur de Métropole pour privilégier les centralités de quartier, de bourgs, et de ville. Le schéma directeur d’aménagement économique a identifié des fonciers dans l’ensemble de la Métropole : les installations de nouvelles entreprises ont pu trouver des lieux d’implantation divers qui ont participé à l’équilibre de nos territoires. La mobilité elle-même a été le témoin de cette volonté de partager les dynamiques rennaises : alors que la Métropole n’était nullement compétente en la matière, elle a participé au financement du rétablissement de la ligne TER Rennes-Châteaubriant. Bref, tout est fait pour partager et renforcer les solidarités territoriales à tous les échelons.

Ainsi que ce soit pour les contrats de pays régionaux ou pour les contrats de territoire départementaux, notre Métropole se trouve, et cela est bien logique, largement moins bien dotée en €/habitant.

Il s’agit donc pour notre territoire non pas de « construire pour construire » ou « de bétonner pour bétonner » mais bien de faire en sorte que l’accueil de toutes les populations, quelles que soient leurs conditions et leurs revenus, demeure possible à Rennes. Et pour cela, il nous faut construire.

A celles et ceux qui voulaient « révéler Rennes », la ville du « pas assez », on sent qu’opportunément quelques semaines plus tard et dans le cadre d’échéances à venir il s’agit dorénavant de « dévitaliser Rennes ». Ce ne sera jamais notre objectif.

La construction d’une ville qui accueille et où il fait bon vivre demeurera notre seule boussole.