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Prairies St-Martin : maintenant, la concertation !

Notre ville a connu tout au long de son histoire le développement d’espaces verts correspondant aux attentes des populations de leur époque. Nous pensons tous en premier lieu à la nature domestiquée, à ce que l’on appelle le jardin à la française du Parc du Thabor datant du 19e siècle, et dans la même lignée mais à une autre échelle nous disposons aussi du Parc Oberthür. Ces parc donnent à voir, permettent la promenade contemplative et la découverte d’espèces végétales variées.

Plus récemment, le 20e siècle a vu l’aménagement de parcs destinés à des usages divers. Ce fut d’abord le cas du Parc de Maurepas prévu « à destination des enfants », puis vinrent la création des parcs de Bréquigny, au sud, et des Gayeulles, au nord est, qui élargissaient la palette d’activités rendues possibles par divers aménagements notamment autour de plans d’eau.

A ces différents exemples peuvent s’ajouter de nombreux lieux tout aussi intéressants : Parc de Beauregard, des Tanneurs, de Sibiu, de la Tauvrais, du Landry, de Villejean, domaine St-Cyr, promenade des bonnets rouges…bref la liste est longue et elle traduit à la fois une tradition ancienne de parcs et jardins à Rennes, et l’intérêt des rennais pour ces lieux de respiration dans leur quartier, dans leur ville.

Le parc naturel urbain des prairies St-Martin s’inscrira dans cette tradition et dans ce maillage, tout en conférant à cet espace de la ville une vraie modernité. Ainsi, dans le choix du jury, il a été fait une place certaine à l’audace. En effet, le projet qui vous est présenté met la nature au centre des préoccupations. Mais ça n’est pas une nature complètement sauvage qui figerait l’espace pour en faire une sorte de  réserve, l’intervention humaine sera présente de façon plus ou moins marquée. Ainsi la zone humide qui est proposée à l’emplacement actuel des jardins familiaux à l’est du site, requerra une gestion hydraulique précise, notamment par un jeu de vannes.

Cette question du lien entre l’artificiel et le naturel, nous la retrouvons à la genèse de nos villes, construites initialement en proximité des cours d’eau mais qui ne se sont développées qu’en se protégeant de ces mêmes cours. Il n’y a pas de ville sans artifice. Là aussi dans le cas qui nous occupe nous aurons ce dialogue permanent entre la présence humaine et la nature. Une nature recrée qui se situera entre terre et eau. Et ce qu’il y a de véritablement intéressant dans le projet de l’équipe Base c’est le caractère évolutif de ce dialogue notamment en fonction des saisons. Cette porosité entre le bras de l’Ille et les prairies est l’identité propre de ce futur parc.

La modernité de ce projet réside dans le fait qu’il y a une intervention humaine tout aussi importante qu’au Thabor mais dont le rendu est très différent -nous ne sommes pas là dans le jardin à la française- et  cette intervention humaine sera de toute évidence plus transparente pour l’usager. La présence d’un écologue dans l’équipe de maîtrise d’œuvre permettra à ce site de retrouver une biodiversité faunistique et floristique, bien éloignée de ce qu’il connaît aujourd’hui. Je vous rappelle que ce que certain appelle actuellement espace naturel est un site remblayé qui avait pour vocation de recevoir la pénétrante venant de la rocade nord. Et sans parler de la problématique pollution, nous pouvons affirmer que notre marge de progression en termes de biodiversité est réellement grande.

Ce site retrouvera notamment dans sa partie nord une fonction de régulation des crues. C’était un élément fort du programme et cela marque la responsabilité qui est la nôtre de faire en sorte que les crues de l’Ille à Rennes ou en amont de Rennes n’inondent pas seulement les territoires avals de notre commune. Bien qu’ayant un territoire densément peuplé nous avons aussi notre rôle à jouer.

Au-delà de la présence de l’eau cette proposition revêt également un intérêt certain de par la palette d’ambiances végétales qu’elle offre. En effet, la taille de ce site, plus de 30ha, permet de retrouver des lieux de boisement, de pâture, de sous-bois, de prairies, de zones humides qui permettront autant d’usages différents qu’il nous faudra définir avec la population. Nous proposerons donc dès la rentrée septembre 2012 au moment de Viva cités de commencer une large concertation avec les acteurs intéressés qu’ils soient associations sportives, culturelles, patrimoniales, environnementales ou tout simplement habitant de la Ville de Rennes. L’enjeu sera pour l’équipe de maîtrise d’œuvre de disposer des envies de nos concitoyens pour finaliser ce projet.

En conclusion, ce nouveau morceau de ville participera à notre volonté d’étendre l’hypercentre avec au sud l’opération Eurorennes et au nord ce projet de parc naturel urbain dont les accès par la Motte Brulon, les ZAC Plaisance et Armorique, le Pont St-Martin, et plus particulièrement la prochaine station de métro Jules Ferry seront retravaillés. Le budget est à la hauteur de cette ambition : 9,3 M€ avec un commencement des travaux prévu en 2014.

2 réponses à “Prairies St-Martin : maintenant, la concertation !

  1. Le discours est alléchant mais que faites vous des habitants actuels de ce futur parc?
    J’ai moi-même habité ce quartier pendant 20 ans, il s’agit de gens modestes ( qui votent encore PS!), ils ont de petites maisons mais souhaitent y rester et souffrent beaucoup quand on qualifie leur maison d’insalubre et qu’on veut la leur racheter pour une bouchée de pain!
    Consulter les rennais c’est louable mais pensez aussi aux habitants du lotissement Raoul Anthony et du bord du canal. Eux aussi ont un avis et vous pourriez les rencontrer…
    En espérant que vous prendrez du temps avec ces habitants
    M. Eléouet

    1. Bonjour,

      Cette question a été abordée avec les intéressés. Nous procéderons différement selon le territoire concerné.

      Pour ce qui concerne le front bâti du canal, il n’y a pas à courts termes de volonté de la ville de maîtriser le foncier. Nous savons que la résorption progressive de l’habitat se fera sur un terme qui reste à définir. Mais il n’y a côté Ville de Rennes aucune urgence.
      Pour ce qui concerne les secteurs Raoul Anthony, Henri Monnerais, par contre nous avons indiqué dès 2011 que nous travaillerons à la maîtrise du foncier car ce secteur sera retravaillé notamment pour redonner un caractère humide à cette partie des prairies qui a été historiquement remblayée. Nous savons qu’en projetant la démolition de ces propriétés nous touchons à des questions humaines et affectives, c’est pourquoi nous nous sommes déplacés à l’été 2011 chez les personnes concernées qui le souhaitaient pour expliquer nos choix et leur permettre d’avoir un accompagnement par la Ville. Ce travail a été suspendu du fait de la fin de la précédente déclaration d’utilité publique mais reprendra avec la nouvelle (2014).

      Quand j’indique que les habitants seront consultés, il s’agit de tous les habitants, riverains y compris.

      Bien cordialement,

      Marc HERVE

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