La lecture publique fait l’objet de nombreux commentaires depuis la transformation de notre bibliothèque en « espace-lecture ». Beaucoup de contre-vérités ont été énoncées, et je tiens par cet article, à vous expliquer le fondement du projet de redynamisation de la lecture publique à Rennes.
Tout d’abord, Rennes a été l’une des villes les plus volontaires sur l’accès à la culture en général et à la lecture en particulier. En effet, très vite après 1977, notre majorité de gauche (et Martial Gabillard en particulier) a commencé par mettre le livre en proximité des habitants avec la construction des bibliothèques de quartier. Nous en avons compté jusqu’à 13. Et c’est seulement une fois que le maillage par quartier a été effectué que nous avons construit les Champs libres et sa médiathèque, donnant à notre politique culturelle un rayonnement de tout premier ordre. Le résultat est qu’aujourd’hui 22% de la population rennaise est inscrite dans une de nos bibliothèques soit 5 points de mieux que la moyenne nationale (17%).
Malheureusement, cette politique tend à s’essouffler et nous connaissons depuis 2005 une certaine érosion du lectorat rennais dans nos bibliothèques et ce pour plusieurs raisons (usages numériques, désaffection du livre pour les hebdomadaires, presse gratuite…). Deux choix s’offraient alors à nous : le statu quo pour ne mécontenter personne mais en n’apportant aucun service public à la majeure partie des rennais, ou bien une évolution de nos outils pour continuer à toucher un lectorat plus important. Nous avons opté pour la seconde voie, la fatalité ne faisant pas partie de notre vocabulaire.
Le projet que nous avons porté a été le suivant : en maintenant les moyens humains et financiers dédiés à la lecture, malgré une contrainte budgétaire forte, nous avons décidé :
– d’expérimenter de nos nouveaux lieux autour de la lecture : ainsi Carrefour 18 et St-Martin ont vu s’ouvrir deux espaces lecture. Ces lieux ne sont ni mieux, ni moins bien, mais différents d’une bibliothèque. En effet, là où la bibliothèque présente un fond d’ouvrages en libre service, l’espace lecture, quant à lui, travaille à créer du lien entre la lecture et le lecteur notamment à partir d’animations : ateliers d’écriture, rencontres d’écrivains, lectures pour petits et grands, ateliers BD, spectacles… A cela s’ajoute également la concrétisation de propositions d’habitants et de professionnels du quartier : présence d’un kiosque citoyen, de bornes de consultation d’ouvrage, postes multimédias… Surtout, j’ai personnellement pris l’engagement que le public enfance/jeunesse soit spécifiquement traité dans cet espace. Ainsi, il existe un lien fort entre cet espace et l’école Joseph Lotte, mais aussi avec les animations « BancBino », « le vendredi des tout-petits », ou l’accueil des assistantes maternelles. Nous avons également tenu à garder la possibilité de prêts d’ouvrages : 5 000 livres sont à la disposition des habitants avec des modalités d’emprunt facilitées (gratuité notamment). Enfin, ce lieu est vivant, participatif et évolutif. Il est conçu pour coller aux attentes des habitants et vous avez donc la possibilité d’être pleinement acteur de la réussite de notre démocratisation culturelle, aux côtés des professionnels et bénévoles qui animent ce lieu.
– de créer un service de médiation : parce que la proximité géographique ne combat pas l’éloignement socioculturel, nous avons décidé de créer un service qui va vers le non-lecteur pour favoriser l’accès au service public de la lecture. Cela prend la forme sur notre quartier d’un travail avec certaines structures : terrains d’accueil des gens du voyage, les lycées Coëtlogon et Mendès France (dépôt et ateliers théâtre), ou encore le foyer de jeunes travailleurs « Robert Rême ».
– pour les 11 autres bibliothèques de quartier : elles perdurent car nous ne croyons pas à une réponse unique en termes de service public. Ces bibliothèques gardent tout leur sens.
En conclusion, j’appelle toutes celles et ceux qui voudraient en savoir plus, et se faire un avis objectif et personnel, à se rendre dans l’espace lecture de St-Martin (à commencer par les permanences 16h30-18h30 les mardi / jeudi ou de 10h à 12h le mercredi). Vous y verrez que convivialité, culture et engagement citoyen y font bon ménage.
Et c’est le « Contrat Social » de Rousseau qui vous sert d’illustration pour ce billet cautionnant la Nouvelle Dynamique de la Lecture Publique ? Mais je rêve ! L’avez-vous lu ? Rousseau définit un contrat social d’association non de soumission comme Hobbes ! LaJ’espère que nous aurons l’occasion de débattre en public autour de nos visions de la démocratie.
Bien évidemment nous aurons l’occasion d’en débattre notamment lors des réunions publiques que nous organiserons.